L’humilité de l’hiver

Le flocon vole au vent, monte puis descend. Il se croit seul. En haut, il lui semble dominer le monde. Son insouciance n’a d’égal que sa légèreté. De sa forme parfaite il est fier. Longue et interminable est cependant sa chute, mais, lorsqu’il atteint le sol, il se pose, embrassant, étonné, les autres flocons déjà présents. Ensemble, ils nourrissent la terre de leur pureté et l’éblouissent de leurs reflets. Certains perchent sur les arbres, d’autres font étape sur le toit des maisons. Il arrive qu’un flocon s’en détache, et rejoigne, tourbillonnant, ses complices jonchant le sol. Ainsi le flocon s’efface et il devient neige, cette unité plus grande qui les relie tous, d’une spiritualité avant-gardiste pour un élément de cette nature. La neige possède une structure, une forme, une couleur. Pourtant, lorsque le soleil la fera fondre, ni résignée, ni rancunière, elle se transformera, fluide, incolore, inodore. Elle comblera alors les interstices de la terre, la nettoyant de sa vermine, et donnant, assurément, la vie. Le flocon ne sera plus, mais il sera bien plus. Poème de Marie-Pierre Demon