
Mes recherches ne s’intéressent pas seulement à la manière d’apprendre à être heureux.se. Elles s’intéressent également à son « palindrome » en quelque sorte, à savoir comment apprendre avec joie ou bonheur. Lorsque j’ai démarré mes recherches en 2010, je ne trouvais rien qui associait « éducation » et « bonheur ». Comme si une des citations célèbres d’Eugène Labiche (Artiste Dramaturge 1815 – 1888) était fondée :
l’éducation ne fait pas le bonheur…
Encore faut-il s’entendre sur ce que l’on entend par éducation. Certains auteurs s’emploient à distinguer l’étymologie d’éducation, qui dériverait d’educare (élever, apporter un savoir), ou plutôt de educere, (conduire hors de, faire émerger ce que nous possédons en nous,). Dans le premier cas, on considère que le savoir est extérieur à l’individu, au risque de le gaver comme une oie pour qu’il l’ingurgite. Et là, en effet, ce n’est pas toujours heureux. Si au contraire on considère le travail de pédagogue comme consistant à faire émerger, faire pousser ce que l’on sème, alors cela devient très heureux. Il s’agit alors de donner envie, de trouver les bonnes graines à semer, et/ou de donner sens à ce que l’on fait apprendre. Et là s’ouvre le champ de la #ludopédagogie et des pédagogies dites « actives », que je pratique depuis très longtemps. Pédagogies actives ne signifie pas que l’on fait faire quelque chose à l’élève ou à l’adulte qui apprend. Si je divulgue un cours, puis que je fais faire à l’apprenant un exercice, je reste dans des méthodes dites expositives, descendantes ou magistrales, suivies d’une méthode applicative. « Pédagogies actives » signifie que l’on coconstruit le savoir avec les apprenants car on considère qu’ils en détiennent une part. C’est donc une #coconstruction du savoir


Maria Montessori avait compris cela il y a une centaine d’années, et des chercheurs modernes ont découvert encore bien plus. Par exemple, le bonheur « flow » (on traduirait par flux + fluidité), décrit par Csikszentmihalyi, (Vivre, la psychologie du bonheur), décrit à la fois la manière dont un enfant apprend naturellement (et pour ce faire, son terrain préféré est le jeu), et ce que font les gens qui concilient naturellement bonheur et performance (expression des compétences), au travail. Je décris de manière concrète et pratique ces principes dans un de mes ouvrages, Concilier bonheur et performance au travail (Territorial éditions).
Un petit aperçu de la manière dont on traduirait ce principe pour l’apprentissage. Le flow stipule que lorsqu’on s’engage dans des activités dont le niveau de défi correspond au niveau de ses capacités (talents, compétences, #softskills et #hardskills), on atteint un niveau de concentration qui fait que le temps passe vite et que même si l’activité est difficile, lorsqu’on l’a terminée, on a l’impression que l’on a « grandit », et on a hâte de recommencer. Si le niveau de défi est trop haut, on est dans l’anxiété. S’il est trop bas, on sombre dans l’ennui. La maîtrise de ces concepts permet alors à n’importe quel pédagogue de trouver les paramètres qui permettent d’atteindre le flow (donc le bonheur d’apprendre, ou le bonheur dans l’activité). Et comment moi-même je les forme à ces principes ? (aussi bien les enseignants ou formateurs, que les manageurs pour le bonheur au travail) En #pédagogiesactives, bien sûr !
N’oublions pas non plus que les chercheurs en neurosciences ont acté qu’apprendre est un acte naturel de tout adulte, pour autant qu’il soit dans un état d’esprit dit de croissance vs un état d’esprit fixe. L’état d’esprit fixe est en général issu d’un conditionnement (éducatif, tiens ! ou d’un mauvais rapport à l’échec), propre aux personnes qui croient qu’elles ne pourront jamais apprendre telle ou telle chose, qu’elles sont nulles en (… maths, en français en…), ou à l’autre extrême, chez ces personnes arrogantes qui pensent qu’elles savent déjà tout. Mais là encore, la bonne nouvelle, pour les personnes qui sont, souvent inconsciemment, dans cet état d’esprit fixe, on peut en sortir : ce n’est pas magique ni immédiat, cela s’apprend !!! Car apprendre à apprendre, même pour les adultes, ça aide !
